Saturday 11 January 2014

7b. Bolhuis JJ et al (2011) Darwin in Mind: New Opportunities for Evolutionary Psychology

Bolhuis JJ, Brown GR, Richardson RC, Laland KN (2011) Darwin in Mind: New Opportunities for Evolutionary PsychologyPLoS Biol 9(7): e1001109.







Evolutionary Psychology (EP) views the human mind as organized into many modules, each underpinned by psychological adaptations designed to solve problems faced by our Pleistocene ancestors. We argue that the key tenets of the established EP paradigm require modification in the light of recent findings from a number of disciplines, including human genetics, evolutionary biology, cognitive neuroscience, developmental psychology, and paleoecology. For instance, many human genes have been subject to recent selective sweeps; humans play an active, constructive role in co-directing their own development and evolution; and experimental evidence often favours a general process, rather than a modular account, of cognition. A redefined EP could use the theoretical insights of modern evolutionary biology as a rich source of hypotheses concerning the human mind, and could exploit novel methods from a variety of adjacent research fields.

7 comments:

  1. Darwin in Mind: New Opportunities for Evolutionary Psychology, by Bolhuis et al.

    La psychologie de l’évolution prend racine chez Darwin. Déjà dans « the Descent of Man » (La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe) Darwin stipulait que, comme tout autre trait, les « facultés mentales » étaient issues de l’évolution par la sélection naturelle. L’Université de Californie à Santa Barbara a repris cette idée dans les années 80 et à poser quatre thèses fondatrices de la psychologie évolutive. Il s’agit de l’environnement de l’adaptativité, du gradualisme, de la modularité massive et de l’universalité de la nature humaine. Cependant, à la lumière de découvertes plus récentes en génétique, en biologie évolutive et développementale, en paléoécologie et en science cognitive, ces thèses doivent être réévaluées. Par exemple, voici quelques arguments et contre-arguments.

    Les thèses de l’environnement de l’adaptativité et du gradualisme soutiennent que la cognition humaine est le résultat d’une pression évolutive sur nos ancêtres, et qu’elle n’arrive pas à suivre la vitesse de changement qui s’est opérer dans les récents millénaires, de sorte qu’il existerait une distance entre notre évolution génétique et l’environnement, comme si nous n’étions plus à jour génétiquement parlant. Toutefois, des recherches récentes sur les génomes ont démontré, grâce à une méta-analyse de 63 études sur plus de 62 espèces comprenant plus de 2500 spécimens, que des changements génétiques peuvent apparaitre sur aussi peut que 25 générations. À l’échelle humaine, cela équivaut à quelques centaines d’années. Donc, certains changements génétiques chez l’homme peuvent être très récents.

    La thèse de l’universalisme de la nature humaine stipule qu’il existerait un répertoire des mécanismes psychologiques de base issu de l’évolution chez tous les êtres humains tels que la peur infantile des étrangers, le mécanisme de détection des tricheurs ou les caractéristiques spécifiques d’attirance sexuelle. Dans la vie de tous les jours, notre esprit se baladerait entre des comportements pré-spécifiés selon les différents facteurs environnementaux. Cependant, cette thèse est contentieuse. L’universalisme a mené à croire que des étudiants de premier cycle des universités occidentales étaient représentatifs de toute la diversité de la nature humaine, ce qui a été vivement critiqué. Les récentes découvertes en psychologie développementale et en neuroscience font valoir au contraire la plasticité et la malléabilité du cerveau humain. Ce qu’elles soutiennent, c’est que les réseaux neuronaux sont trop complexes pour qu’il soit plausible que la génétique en spécifie tous les détails de son câblage. Ainsi, l’expérience aurait un grand rôle à jouer dans la régulation de la connectivité synaptique.

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  2. La thèse de la modularité massive du cerveau est un concept originellement soutenu par Fodor. Selon cette thèse, le cerveau est constitué d’une multitude de modules qui fonctionneraient de manière plus ou moins isolés les uns des autres. Contre cette thèse, la psychologie comparée présente l’inattaquable cas du « domain-general mechanism ». Dans une panoplie d’espèces animales, il existe un procédé d’apprentissage par association qui démontre que les animaux sont capables d’apprendre à faire des liens causaux entre une très grande variété d’évènements.

    La deuxième partie de l’article tente de recadrer la place que doit aujourd’hui prendre la psychologie évolutive. Pour se faire, Bolhuis et al. suggèrent de prendre les critères de compréhension du comportement établies par le lauréat du prix Nobel Niko Tinbergen, et de voir comment la psychologie évolutive pourrait remplir ces critères afin de s'ajuster aux découvertes récentes dans les domaines conjoints. Selon Tinbergen, pour comprendre un comportement, il faut comprendre non seulement sa fonction et son évolution, tel qu’on le pensait avant lui, mais aussi sa cause et son développement. La psychologie évolutive doit donc répondre à ces quatre critères, et Bolhuis et al. nous montre comment cela est possible dans la suite de l'article.

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  3. Mon deuxième commentaire de la semaine :
    La psychologie évolutionnisme évoque beaucoup de choses, entre autre le fait curieux des émotions telles que la peur. En effet, pourquoi a-t-on systématiquement peur d’un serpent ou qu’on se méfie du moins ? Selon la psychologie évolutionnisme, la peur a été un trait psychologique et mentale qui s’est adapté au cours du temps et qui est resté ancré chez l’être humain. Ça peut faire penser à une sorte de code génétique transmis de génération à génération. En effet, certaines émotions restent intactes pour prévenir le danger et nous donner l’alerte. Prenons l’exemple de l’escriment, l’humain la repousse tandis que certains animaux la sente pour découvrir des informations sur la santé d’un autre animal. L’humain la repousse probablement car, au fil du temps, il l’a associé à des microbes, des maladies. En effet, la psychologie évolutionnisme démontre qu’on évolue pas de la même façon pour toutes les sortes d’êtres vivants, mais ce qui certain, c’est que cette adaptation à l’évolution est essentielle à la survie d’une espèce puisqu’elle permet à des aptitudes et habitudes primordiales de perdurer peu importe de quoi aura l’air l’environnement dans lequel nous vivrons demain.

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  4. Pour ma part, je crois que dans les prochaines années, le phénomène de l'épigénétique sera de plus en plus important dans la conception d'une théorie évolutionniste. L'épigénétique semble de plus en plus être la réponse à la question de construction sociale vs comportement génétique. De plus, les recherches récentes tentent de démontré que non seulement l'épigénétique agit de manière ontogénétique, mais également sure des générations suivantes. Suite à cette lecture, je me demandais si l'évolution n'est pas plus présente lors d'évènement amenant une modification drastique de l'environnement. Cette variation brusque provoque l'extinction d'une branche spécifique rapidement semble pour moi la seule explication à la modification génétique des espèces à faible fécondité...

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  5. Je vois, comme Hugo, du Fodorisme derrière la structure modulaire des fonctions postulée par la psychologie évolutionniste. Ces modules, qui sont selon Fodor, innées, fonctionnent de manière indépendantes en parallèles. Ces modules apparaissent cependant plus vagues dans la théorie de M.Fodor; on parle plus de module pour les fonctions langagières plutôt que de module pour la peur des serpents. Ce type spécifique de mécanismes que propose la psychologie évolutionniste me semble ambigu dans le sens que j'ai du mal à comprendre comment cela pourrait être transmis au niveau génétique. Oui, ceux qui ont peur des serpents ont surement, à travers l'évolution, eu plus de chances de survivre, mais je doute fortement que cette peur des serpents (sans trop vouloir me répéter) puisse être associée à un certain génome. Peut-être aussi que comme le dit Arnaud, l'épigénétique amènera des réponses à ce niveau.

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  6. J’apprécie particulièrement que la psychologie évolutive soit tout à fait humble. Les personnes qui croient en la théorie sont généralement bien conscientes de ses limites aussi. Pour ma part, c’est une théorie qui semble aller de soi. J’ai de la difficulté à me convaincre que la psychologie évolutive ferait complètement fausse route. Et donc, si les explications données par la psychologie évolutive semblent être les plus simples, elles sont peut-être les plus probables. Clin d’œil à Ockham.

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  7. La psychologie évolutive a du chemin à faire avant de devenir une discipline scientifique A+. Trop d’éléments lui donnant corps sont encore trop incertains. Comme par exemple la notion de nature humaine. Cette notion me mène au questionnement suivant : naissons-nous humain ou le devenons-nous? La parole, la conduite, la bipédie, l’usage des mains, entre autres, semblent être une production culturelle, ce qui laisse croire le l’humain devient humain dans le cadre d’une histoire et d’un milieu social. C’est pourquoi la EP doit être multidisciplinaire afin d’approfondir les raisonnements et les explications qu’elle offre, le besoin d’élargir son champ de recherche se faisant sentir.

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